Dyslexie – Dysorthographie

Introduction

La dyslexie est un trouble neuro-développemental primaire sévère et persistant du langage écrit. Une personne dyslexique rencontre de grandes difficultés dans l’apprentissage de la lecture. Nous parlons de dyslexie/dysorthographie lorsqu’il y a un trouble spécifique qui affecte la lecture et l’écriture et donc l’orthographe. L’un et l’autre étant liés dans deux tiers des cas environ selon les dires d’Enseignement.be. La personne atteinte de dyslexie/dysorthographie ne présente aucune déficience intellectuelle et aucuns troubles psycho-affectifs ou sensoriels. Avant de conclure que la personne est dyslexique/dysorthographique, il est important de vérifier qu’il ne s’agisse pas plutôt d’une déficience auditive ou visuelle. Comme pour tout autre « dys », il est également important de bien faire la distinction entre une difficulté d’apprentissage et un trouble de l’apprentissage (voir introduction aux troubles d’apprentissage).
La dyslexie ne peut être diagnostiquée que vers l’âge de 7-8 ans lorsque l’enfant est en mesure de savoir lire. Avant cela, il est possible de constater un retard d’apprentissage même si l’enfant présente déjà des symptômes du trouble. S’ils persistent, il faudra alors diriger l’enfant vers des spécialistes qui poseront ou non un diagnostic.

Types de dyslexie

La dyslexie phonologique ou d’assemblage (la plus fréquente) :
Déficit au niveau de la conversion grapho-phonémique, trouble du décodage. Ce type de dyslexie entraine souvent une lecture impulsive et imprécise ou bien, à l’inverse, une lecture lente et très hésitante.
Cela se traduit par :
-Une incapacité à reconnaître les règles de conversion ;
-Une incapacité à ordonner les lettres, les mots ou les syllabes ;
-Une incapacité à faire la différence entre des graphèmes visuellement proches ;
-Une incapacité à faire la différence entre des phonèmes phonologiquement proches ;
-Une incapacité à faire la différence entre des mots morphologiquement proches ;
-Une tendance à adopter des stratégies d’adressage non efficace pour compenser.

La dyslexie de surface ou d’adressage :
Déficience au niveau de la voie lexicale. Difficulté à se représenter l’image mentale du mot, à le photographier et donc le mémoriser. Ce type de dyslexie entraine souvent une lecture très lente et laborieuse où la recherche de sens est pratiquement absente.
Cela se traduit par :
-Une incapacité à reconnaître et à lire des mots à partir de leur forme visuelle ;
-Une incapacité à lire automatiquement des mots réguliers et connus ;
-Une incapacité à mémoriser la manière dont on prononce les mots ;
-Une incapacité à reconnaître et à lire des mots irréguliers ;
-Un faible lexique des mots pourtant connus.

Dyslexie mixte : atteinte des voies phonologique et lexicale.
Déficience au niveau :
-De la conversion grapho-phonémique ;
-De la voie d’assemblage ;
-De la voie d’adressage ;
-Du stockage de lexique interne ;
-De l’accès au sens ;
-De la mémoire visuelle ;
-De la mémoire auditive.

Quelques conseils pratiques

  • Ne pas presser l’enfant, le laisser lire à son rythme
  • Développer un maximum le lexique de l’enfant et l’entrainer à se créer des images mentales des mots
  • Utiliser des couleurs différentes en fonction des syllabes dans les mots pour faciliter le décodage lors de la lecture
  • Eviter de placer l’enfant dans une situation gênante et embarrassante (ex: lecture à voix haute devant le reste de la classe)
  • Décomposer le texte en plusieurs parties pour éviter que l’enfant se fatigue
  • S’assurer de la bonne compréhension en demandant à l’enfant de résumer oralement ce qu’il vient de lire

Prévalence

Comme dans le cas de la dysphasie, il y a plus de garçons atteints de dyslexie que de filles. Trois garçons pour une fille. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, nous comptabiliserions 10 % d’enfants scolarisés dyslexiques dans le monde.

Les causes de la dyslexie

Il y aurait plusieurs causes possibles :
-Les causes génétiques dues à certains chromosomes dont le 3, le 6 et le 15.
-Les causes neurobiologiques dues à un déséquilibre des deux hémisphères présent chez le dyslexique et également à une immaturité du processus phonologique (identification des sons du langage) et du processus visuel (identification des graphèmes). Cette immaturité entraine une incapacité à associer les sons aux lettres et vice versa.
-Les causes neurolinguistiques. La personne dyslexique activerait, lors de la lecture, davantage l’hémisphère droit alors que normalement c’est l’hémisphère gauche qui est responsable dans ce domaine.
-La mauvaise oxygénation du cerveau au prénatal.
-La prématurité du nouveau-né.
-La nutrition inadéquate de la mère pendant la grossesse.
-La « mauvaise » méthode d’apprentissage à la lecture qui accentuerait le trouble déjà présent.
-La prédisposition de certaines langues maternelles de par leur complexité grapho-phonémique.

Conséquences sur les apprentissages

La dyslexie peut entrainer d’autres troubles, retards ou problèmes tels qu’un retard du développement langagier, un trouble de la concentration, un déficit de la mémoire de travail, un trouble de la structuration spatiale et temporelle, un trouble de la latéralité, une déficience de la perception auditive ou visuelle, une mauvaise connaissance du schéma corporel, un manque de confiance en soi et d’estime de soi dans le cas où l’enseignant remet toujours la faute sur l’enfant en prétendant qu’il y a un manque d’intérêt de sa part et une prise de distance sociale et affective.

Globalement, la dyslexie/dysorthographie entraine un gros retard scolaire allant même jusqu’au décrochage scolaire et, dans le cas d’un adulte jusqu’au décrochage professionnel. Pourtant tous disposent de capacités nécessaires à la réussite.

Quel est le rôle de l’orthopédagogue?

L’orthopédagogue comme rôle premier de sensibiliser et d’informer la famille, les enseignants à la dyslexie/dysorthographie. Il aura comme rôle de proposer des aménagements raisonnables à l’enfant mais également aux enseignants et aux parents afin que ces derniers continuent à les utiliser dans leur classe ou à la maison avec leur enfant. Il devra également communiquer fréquemment avec d’autres professionnels, avec les parents et bien sûr avec l’enfant/l’adolescent afin de se tenir au courant de l’évolution de la rééducation.

Voici quelques aménagements raisonnables simples à mettre en place :

-Éviter de faire recopier : lorsqu’il y a des devoirs, laisser l’enfant dicter les réponses à ses parents afin que ceux-ci les retranscrivent. Et si cela n’est pas possible, proposer plutôt à l’enfant d’enregistrer ses réponses à l’aide d’un dictaphone.

-Donner un texte à lire aéré dont la police est suffisamment grande.

-Privilégier l’oral à l’écrit : proposer plutôt des examens oraux pour l’enfant dyslexique/dysorthographique s’il est d’accord.

-Permettre l’utilisation d’un logiciel d’aide à la lecture qui lit les textes grâce à une voix de synthèse et également un programme informatique qui permet de corriger automatiquement l’orthographe.

-Encourager l’utilisation de feutres de couleurs ou de la latte pour structurer sa lecture.

-…

Il est essentiel que nous relevions les forces de l’enfant sans faire une fixette sur ses difficultés. Bien que l’enfant puisse se sentir incapable dans ce domaine, il excelle surement dans d’autres domaines. Il faut éviter de le placer dans des situations où il se renfermerait constamment mais mettre en avant ce dont il serait capable. Il faut à tout prix éviter de confronter les enfants « dys » à des doubles tâches car ce serait déjà mettre des bâtons dans ses roues dès le départ.

Sources : Bibliographie