Psychologie et méthodologie des apprentissages : généralités et différenciation

Introduction
Pour le cours, il nous a été demandé de choisir un outil ou une méthode d’apprentissage qui réponde aux besoins spécifiques de l’enfant et d’en réaliser une analyse critique en y intégrant les concepts vus en cours. J’ai choisi de m’intéresser au coin calme. Cette idée m’est venue assez rapidement en tête car étant récemment diplômée institutrice maternelle j’ai souvent eu l’occasion d’en entendre parler. Cependant, tous les établissements scolaires n’imposent pas l’installation de coins calmes. Sur cinq lieux de stage, je n’ai pu en avoir qu’un seul. Le coin calme peut, selon moi, être installé de la maternelle jusqu’en première ou deuxième primaire.

Coin calme placé en dessous de l’escalier
Classe de 3e maternelle

Comment aménager un coin calme ?
Il faut premièrement choisir un coin retiré, le plus loin possible des distractions. Délimiter le coin et le fermer le plus possible pour le rendre chaleureux. Cependant, il faut laisser une ou plusieurs petites ouvertures par laquelle l’adulte pourra toujours avoir un œil sur l’enfant. Après avoir réalisé la structure du coin, il faut l’aménager en y mettant des coussins, des couvertures, des lampes colorées, etc. De préférence un seul enfant à la fois pourra entrer dans le coin calme. Cela afin que l’enfant puisse se sentir dans sa propre « bulle ». Il sera donc important de l’indiquer sur une fiche juste placée à l’entrée du coin. Si l’adulte y laisse entrer plusieurs enfants, il se peut que les effets escomptés du coin calme soient perdus.

Pourquoi instaurer un coin calme ? Quelles sont ses avantages et ses inconvénients ?
La présence d’un coin calme dans la classe ou à la maison a plusieurs avantages.
Nous savons que la fatigue, le stress, l’anxiété, la frustration nuisent aux bons apprentissages. Ces différents états ne vont pas permettre à l’enfant de se concentrer pleinement sur la tâche  à réaliser. C’est pourquoi il est judicieux d’installer dans un coin de la classe ou dans un coin de la maison, un coin calme où l’enfant pourra se rendre quand il le souhaite afin de s’apaiser, se reposer ou se changer les idées.
L’enfant apprendra à comprendre et à contrôler les états de son corps. Lorsqu’il sera fatigué il sentira son corps se laisser aller, lutter contre l’endormissement. De lui-même, il comprendra que son corps a dépassé la limite de l’éveil et qu’il est temps d’aller se reposer.
Il est important de savoir que souvent, après de lourds apprentissages, les enfants sont confrontés à une surcharge cognitive et le fait de prendre un temps pour recharger ses batteries permettra à l’enfant d’être prêt à découvrir de nouveaux apprentissages ou à poursuivre ceux déjà entrepris.
De plus, le coin calme est l’endroit où l’enfant pourra ou devra se rendre après avoir mal agi. En faisant cela, nous ne le punissons pas mais nous l’invitons à réfléchir à ses actes et à leurs conséquences.
Le coin calme présente également un inconvénient. En effet, il peut être perçu comme un « coin retrait » pour l’enfant qui est renfermé sur lui. Il y a un risque que cet enfant veuille y passe sa journée pour éviter tous contacts sociaux avec ses pairs.

L’enfant y restera environ 15 à 20 minutes maximum. Un timer peut être placé dans le coin calme. L’enfant en s’y rendant enclenchera alors le timer et lorsque celui-ci est terminé, cela signifie à l’enfant qu’il devra tout doucement ranger les outils et rejoindre le groupe-classe. S’il a envie d’y rester un peu plus longtemps, il pourra toujours le demander à son instituteur/trice ou à l’orthopédagogue.

Comment introduire le coin calme ?
L’enseignant, le parent devra consacrer un temps d’explication aux enfants afin qu’ils sachent précisément la fonction du coin calme. Au fur et à mesure, les enfants seront autonomes vis-à-vis du coin calme et s’y rendront d’eux-mêmes quand le besoin s’en fait sentir.

Que proposer dans le coin calme ?
Divers objets de manipulation tels que des feuilles de brouillon que l’enfant peut chiffonner et déchirer s’il est en colère par exemple, des feuilles et des feutres pour dessiner, des peluches, etc.;
Divers objets musicaux tels qu’un casque relié à un lecteur audio, un bâton de pluie, etc.;
Divers objets de massages;
Divers objets de relaxation tels que des balles anti-stress, des bouteilles calmantes composées de paillettes et d’eau, etc.;
Des fiches sur lesquelles sont représentées les émotions en image. Cela afin de permettre à l’enfant de comprendre son état émotionnel et les signes d’alerte transmis via son corps. L’enfant développera alors son intelligence émotionnelle qui se définit par 5 compétences émotionnelles. Pour plus d’informations sur le sujet, veuillez-vous référer au travail réalisé pour le cours d’intelligence en questions et de neuropsychologie.
Des fiches sur lesquelles il est expliqué à l’enfant par images comment il doit faire pour se concentrer sur sa respiration;
Des livres, des albums jeunesse peuvent être également proposés.

Le rôle de l’orthopédagogue et de l’enseignant 
Les deux doivent remarquer avant la crise ou l’énervement de l’enfant que celui-ci est au bout de ses limites et qu’il a besoin d’un moment pour se recentrer, se calmer et s’apaiser.
Le coin calme est un endroit utile pour les enfants présentant des troubles oppositionnels. Lors de crises ou avant que la crise n’apparaisse, l’orthopédagogue va proposer à l’enfant d’aller se calmer au coin calme. En effet, comme je l’ai constaté en me documentant sur le sujet, les enfants atteints de troubles oppositionnels avec provocation sont constamment dans l’argumentation. Pour ne pas que la situation s’envenime, il est préférable de stopper la conversation avec l’enfant et de le laisser seul un moment. Etant donné qu’il n’y a plus d’argumentation, il n’y a plus de raison de s’énerver.

Quels sont les liens avec le cours ?
Nous savons que le sommeil est un des besoins physiologiques de tout être humain.
En petite section, les enfants ont la possibilité de faire une sieste d’une heure à deux heures l’après-midi. La sieste permet au cerveau lors de la phase de sommeil paradoxal qui intervient d’enregistrer les évènements vécus, les apprentissages vécus et de les réorganiser. Les plus grands enfants, de moyenne et grande sections et de début primaire, n’ont plus la possibilité de faire une sieste. Pourtant, pour beaucoup d’enfant, cela leur serait bénéfique. En effet, beaucoup d’enfant arrivent fatigués à l’école. Cela peut être du au Jet Lag social qui peut se définir par une irrégularité du temps de sommeil. Il est vrai que les parents ont souvent tendance à laisser leurs enfants aller se coucher plus tard le week-end et donc à se lever plus tard le matin. Et lorsque les enfants retournent à l’école le lundi matin, ils sont complètement déphasés. Le jet lag provoque des difficultés de concentration et de mémorisation. Donc, pour compenser ce manque, ils ont besoin d’un coin calme dans lequel ils pourront aller se reposer pendant une vingtaine de minutes pour se régénérer. Il a été prouvé par le psychologue américain Bill Anthony (1990), qu’une micro-sieste permettait au cerveau de mémoriser une partie des informations vécues et lui donnait la capacité d’assimiler de nouveaux apprentissages.
De plus, le coin calme va permettre à l’enfant de s’éloigner des sources bruyantes qui auront tendance à le mettre dans un état de fatigue, de déconcentration, de nervosité ou d’excitation intense. En effet, une exposition continuelle au bruit est néfaste pour la santé. J’ai déjà pu rencontrer de jeunes enfants qui se plaignaient du bruit qu’il y avait dans la classe. Dans ce cas-là, si un enfant se plaint du bruit trop assourdissant, en plus de demander aux autres enfants de parler moins fort, il faut lui conseiller d’aller s’isoler dans le coin calme et, s’il le souhaite, d’écouter une musique douce avec le casque.

Conclusion
Grâce à l’installation d’un coin calme dans sa classe ou dans sa maison, l’enfant va pouvoir des pauses dans l’unique but de se régénérer. En plus d’être bénéfique pour l’enfant, cela le sera également pour l’adulte. En effet, en cas de dialogue « sourd », les deux partis pourront prendre distance : l’enfant se rendra dans le coin calme s’il le souhaite et l’adulte retournera à ses occupations. Cela leur permettra de réfléchir à la situation de manière posée, de pouvoir mettre des mots sur ce qu’il vient de se passer et de trouver des solutions pour arranger ou calmer cette situation. Le coin calme est aussi un endroit d’évasion, dans lequel l’enfant sera autorisé à faire ce qu’il lui plait toujours dans le respect du coin calme et dans le respect de ses pairs.

Selon moi, en tant qu’orthopédagogue je proposerais aux enseignants de classes ordinaires comme aux enseignants de classes spécialisées d’installer un coin calme car ce dernier peut avoir beaucoup d’effets positifs sur le bien-être de l’enfant.

Sources :