Troubles oppositionnels

Introduction

Le trouble de l’opposition avec provocation se définit par le fait de s’opposer constamment aux demandes et aux attentes d’autrui et de tester les limites des figures d’autorité. Il se présente sous forme d’une désobéissance quasi-récurrente.

L’enfant, lors de son développement, passera obligatoirement par une phase d’opposition dite « normale ». En effet, vers l’âge de 2-3 ans, il commence à se rendre compte qu’il a la possibilité de dire « non » à ses parents. De cette manière, il fera comprendre à son entourage qu’il n’a pas forcément les mêmes envies qu’eux. Parfois, il constatera qu’en s’opposant à la demande formulée il obtient (obtiendra ?) davantage d’attention que s’il se plie directement et sans broncher à cette demande. Cette phase est dite normale car elle a pour objectif de permettre au jeune enfant de s’affirmer. A la fin de cette phase d’opposition, l’enfant doit comprendre qu’il y a un cadre à respecter et inversement, les parents doivent reconnaitre l’individualité de leur enfant. Une confiance mutuelle doit s’établir pour que la sphère familiale soit harmonieuse. Cependant, si cette phase persiste avec l’âge, il se peut qu’il y ait présence d’un trouble de l’opposition. Ce comportement peut devenir très fatigant pour les parents. Ils ont l’impression de perdre pieds, de ne plus avoir le contrôle de la situation. Si le comportement ne s’améliore pas, il se peut qu’il conduise l’enfant vers un trouble des conduites et les parents vers une dépression et un abandon.

Quelles sont les caractéristiques de ce trouble ?

Il existe trois types d’opposition :
-L’opposition passive : l’enfant se montre indifférent et ne donne pas suite à la demande.
-L’opposition active : l’enfant répond violemment par des cris, des coups et confronte l’adulte.
-L’opposition passive-agressive : l’enfant répond soit disant positivement à la demande en faisant exprès de mal faire.

L’enfant refuse constamment de se plier aux consignes, que ce soit à la maison ou à l’école ou dans un autre lieu. Il en est conscient et se moque des conséquences de son refus. Il provoque toutes figures d’autorité en les poussant à bout et en alimentant la situation par une forte argumentation. Lorsqu’il fait mine d’acquiescer à une demande, il trouvera par la suite le moyen de se venger.

A l’école, l’élève présente une faible estime de lui, une faible tolérance à la frustration et des humeurs constamment instables. Aussi, il se montre verbalement grossier avec ses camarades, ses enseignants, éducateurs. Il consommera parfois précocement de l’alcool, du tabac voire de la drogue.

Comment diagnostiquer ce trouble ?

Critères du DSM IV
L’enfant :
-Se met en colère
-Conteste ce que disent les adultes
-s’oppose activement ou refuse de se plier aux demandes ou aux règles des adultes
-Embête les autres délibérément
-Fait porter à autrui la responsabilité de ses mauvais comportements ou de ses erreurs
-Est facilement agacé ou susceptible
-Est souvent fâché, plein de ressentiment
-Se montre souvent méchant ou vindicatif

Si au moins 4 symptômes/critères persistent pendant au moins 6 mois et si ceux-ci sont excessifs un diagnostic pourra être posé. En plus de cela, il sera évidemment logique de se baser sur l’âge de l’enfant et sur son stade de développement pour poser le diagnostic. On ne posera pas un diagnostic sur un adolescent en pleine seconde phase d’opposition dite « normale ». Aussi, les comportements d’opposition avec provocation de la personne devraient avoir des répercussions négatives sur le fonctionnement social et adaptatif.
Les symptômes ont tendance à augmenter avec l’âge. Le trouble apparaît le plus souvent avant l’âge de 8 ans. Les garçons sont davantage atteints du trouble que les filles. Après la puberté, les taux de prévalence se rapprochent.
C’est le neuropsychologue qui sera en mesure d’établir le profil complet de l’enfant pour mieux le comprendre. Il pourra déterminer si ce trouble s’inscrit dans un syndrome à origine neurologique ou bien, si c’est « seulement » un comportement passager dû à un manque d’affectivité, à une faille dans le mode d’intervention parental, à une impulsivité, etc. Ainsi, le diagnostic pourra diriger les interventions de manière adéquate.

Quelles sont les causes de ce trouble ?

Dans un premier temps, il se peut que ce trouble soit dû à un dysfonctionnement neurologique, c’est-à-dire que la personne ne dispose pas de ressources neurologiques nécessaires permettant de contrôler son impulsivité. Certains experts prétendent que le trouble de l’opposition avec provocation découle d’un autre trouble. Ils citent le trouble de l’attention, le trouble du spectre autistique, ou encore, le syndrome de Gilles de la Tourette.
Dans un second temps, il se pourrait que l’éducation des enfants ne soit pas appropriée. Si aucune limite n’est imposée ou si l’enfant reçoit tout ce qui veut quand il veut, il y a de plus grandes chances que les parents perdent le contrôle et n’arrivent plus à gérer le comportement de leur enfant.
Dans un troisième temps, une mauvaise relation entre l’enfant et ses parents augmenterait également le risque d’opposition. Dans le cas de parents absents qui s’intéressent peu à leur enfant, il est possible que ce dernier ne puisse développer un lien d’attachement solide et sécurisant qui est pourtant un des besoins élémentaires au développement harmonieux de l’enfant. Aucun lien de confiance n’est établit entre les deux partis. L’enfant, l’adolescent comprend que son opposition est payante, c’est-à-dire qu’il a compris que lorsqu’il s’oppose à ses parents il finit toujours à recevoir davantage d’attention de la part de ceux-ci.
Dans un quatrième temps, il se pourrait qu’il y ait des prédispositions génétiques qui favoriseraient ces comportements.

Trouble à ne pas confondre avec le trouble des conduites

Comme j’ai pu l’apprendre lors du cours de Madame Frère, le trouble des conduites s’exprime par des comportements perturbateurs graves répétitifs et persistants. Ces comportements sont très divers mais ils bafouent tous des droits fondamentaux et des règles. Le trouble des conduites présente entres autres les mêmes symptômes que le trouble d’opposition avec provocation et il a des répercussions plus graves aux niveaux développemental et légal.
On distingue deux types :
• Troubles de conduites « mal socialisé »: sujet agressif, d’autres pathologies peuvent être associées, persistance des troubles, vie sociale peu développée,…
• Troubles de conduites « socialisé » : quelques relations amicales, délinquance qui ne s’accompagne pas toujours d’agressivité, trouble souvent limité à l’adolescence.

Le cycle de l’opposition avec provocation d’après le neuropsychologue Barkley Russell

1) Demande formulée par la figure d’autorité  opposition et argumentation de l’enfant
2) Argumentation des parents (souvent irrationnelle) et répétition de la demande  opposition et argumentation de l’enfant
3) Menace d’une punition ou de la perte d’un privilège  opposition et argumentation de l’enfant
4) Punition des parents  crises et agressions de l’enfant enveniment la situation.
Il faut savoir que, souvent, les parents abandonnent la punition et l’enfant aura alors vite compris qu’il gagnera à chaque fois lorsque ses parents perdent le contrôle de la situation.

Que pouvons-nous conseiller en tant qu’orthopédagogue ?

L’orthopédagogue pourra guider les parents en leur donnant des pistes éducatives qui permettront de calmer la situation d’opposition.

Premièrement, il faut que l’orthopédagogue, avec l’aide de professionnels, réunisse autant d’informations que possible afin de trouver la cause la plus exacte  du comportement.
Deuxièmement, l’orthopédagogue conseillera aux parents de renforcer le lien (si cela n’est pas déjà fait) qu’ils ont établi avec leur enfant. Il est important que les parents accordent du temps afin qu’une confiance puisse s’installer dans la sphère familiale.

De plus, l’orthopédagogue pourra aider l’entourage de l’enfant à instaurer des limites. Il ne faut pas dire oui à tout et non à tout mais trouver un juste milieu, des compromis qui les satisferont eux et l’enfant.
En cas d’argumentation excessive de l’enfant, l’adulte doit garder le contrôle et ne pas entrer dans le jeu de l’enfant. Dès qu’il voit que la situation s’envenime, il faut directement mettre un terme à cette argumentation et prendre de la distance avec l’enfant pendant un petit moment afin qu’il puisse se calmer.
Lorsque l’enfant répond positivement à la demande de l’adulte, il est impératif de l’encourager et de le féliciter.

Aussi, afin de gérer ses émotions, il faut d’abord que l’enfant en prenne conscience, c’est ce qu’on appellera la conscientisation des émotions. (Pour plus d’informations sur les émotions, vous pouvez vous référer au travail que j’ai réalisé pour le cours de neuropsychologie et d’intelligence en questions : les émotions. C’est grâce à de simples petits exercices que l’enfant pourra par la suite tenter de réguler ses émotions et surtout de les contrôler. Cela prendra du temps mais ne pourra être que bénéfique pour son entourage et pour lui-même.

L’orthopédagogue pourra aussi conseiller à l’enseignant ou aux parents d’instaurer un coin calme où l’enfant pourra penser à autre chose, être, pendant un instant, à l’écart des autres. Là, il pourra se reconcentrer et penser à ses actes. Il est important de verbaliser positivement sur ce qu’il s’est passé lorsque la tension est redescendue afin  que l’enfant prenne conscience de son comportement en mettant des mots sur celui-ci.

Les quelques interventions citées plus haut pourront être proposées soit par les parents, les enseignants, les éducateurs et surtout par les orthopédagogues. De plus, d’autres spécialistes pourront proposer d’autres interventions. Par exemples : des psychothérapeutes pourront proposer à l’enfant et aux parents des thérapies. Des médecins en collaboration avec d’autres professionnels pourront proposer une médication, etc.

Il existe un tas d’autres interventions possibles que celles citées plus haut. Si vous souhaitez davantage vous informer sur le sujet, voici quelques ouvrages intéressants :

• « L’opposition : ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs » rédigé par le neuropsychologue Hammarenger Benoit (2016). Cet ouvrage permet de mieux comprendre l’opposition chez les enfants âgés de 4 à 12 ans. Il est destiné aux parents et également aux professionnels.

• « J’ai tout essayé ! : opposition, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans » rédigé par Filliozat Isabelle (2013). Destiné aux parents, cet ouvrage illustré permet une approche pratique des situations de crise chez l’enfant de 1 à 5 ans. Les éclairages scientifiques et les directions nouvelles permettent de mieux comprendre et d’agir concrètement selon l’âge.

• « Gérer les comportements difficiles chez les enfants » rédigé par Leurquin Paul et Vincelette Stéphane (2013). Destiné aux parents et aux spécialistes de l’éducation, cet ouvrage propose des pistes de réflexion et d’intervention et explique les raisons derrière les mauvais comportements. Quelques-uns des comportements difficiles de ce livre : l’enfant agressif, l’enfant leader négatif, l’enfant et le trouble de l’attachement, l’enfant démotivé, l’enfant à haut potentiel, etc.

• « 100 idées pour gérer les troubles du comportement » rédigé par Roy HOWARTH (2013). Cet ouvrage constitue un guide précieux pour tous les enseignants qui travaillent avec des élèves présentant des élèves souffrant de trouble oppositionnels avec provocation.

Sources : Bibliographie